Titre : | Derniers beaux jours | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Julien Green (1900-1998), Auteur | Editeur : | [Paris] : le Livre de poche | Année de publication : | 1973 | Collection : | Le Livre de poche, ISSN 0248-3653 | Importance : | 1 vol. (304 p.) | Présentation : | couv. ill. en coul. | Format : | 17 cm | Langues : | Français (fre) | Résumé : | 26 juin 1938 Place de la Concorde
Hier matin, chez Gide. Il voulait me faire connaître un certain M. Cook, professeur nègre de l’Université d’Atlanta. C’est un homme d’une trentaine d’années, au teint jaune pâle, au nez court et crochu; ses longs pieds sont chaussés de blanc; il en tourne les pointes largement en dehors, ainsi que je l’ai vu faire à tous les Juifs que j’ai connus. Et en effet M. Cook est un quart juif;c’est
lui-même qui nous l’apprend. Il parle admirablement le français,avec une correction et une vivacité beaucoup plus juive que nègre. Je crois qu’il nous a fait à tous deux une impression excellente de
bonne volonté et d’intelligence.
Lui parti, je parle à Gide de la question nègre. Je lui dis qu’il faudra bien, dans la suite des temps, que l’Amérique blanche absorbe cette Amérique noire dont l’existence pose un problème si douloureux... «Mais les Juifs, dit Gide, l’Amérique ne les absorbera pas! Il faudra que les Juifs absorbent l’Amérique. Mais si. Et il en sera de même partout. En 1890, il y avait un Juif pour 6000 habitants, à New York. Vers 1890, il y en avait un pour 600. Maintenant, il y en a un pour 60 ! »
|
Derniers beaux jours [texte imprimé] / Julien Green (1900-1998), Auteur . - le Livre de poche, 1973 . - 1 vol. (304 p.) : couv. ill. en coul. ; 17 cm. - ( Le Livre de poche, ISSN 0248-3653) . Langues : Français ( fre) Résumé : | 26 juin 1938 Place de la Concorde
Hier matin, chez Gide. Il voulait me faire connaître un certain M. Cook, professeur nègre de l’Université d’Atlanta. C’est un homme d’une trentaine d’années, au teint jaune pâle, au nez court et crochu; ses longs pieds sont chaussés de blanc; il en tourne les pointes largement en dehors, ainsi que je l’ai vu faire à tous les Juifs que j’ai connus. Et en effet M. Cook est un quart juif;c’est
lui-même qui nous l’apprend. Il parle admirablement le français,avec une correction et une vivacité beaucoup plus juive que nègre. Je crois qu’il nous a fait à tous deux une impression excellente de
bonne volonté et d’intelligence.
Lui parti, je parle à Gide de la question nègre. Je lui dis qu’il faudra bien, dans la suite des temps, que l’Amérique blanche absorbe cette Amérique noire dont l’existence pose un problème si douloureux... «Mais les Juifs, dit Gide, l’Amérique ne les absorbera pas! Il faudra que les Juifs absorbent l’Amérique. Mais si. Et il en sera de même partout. En 1890, il y avait un Juif pour 6000 habitants, à New York. Vers 1890, il y en avait un pour 600. Maintenant, il y en a un pour 60 ! »
|
| |